Le droit à la déconnexion

Une compagnie d’assurance canadienne a demandé à son personnel de ne pas planifier de réunion en dehors d’une journée de travail de 9 heures à 17 heures afin d’encourager le personnel à se déconnecter du travail. «  J’ai une fille de trois ans et demi. Personne ne va planifier une rencontre avec moi entre 8 h et 9 h, parce que c’est à ce moment-là que je lui donne son petit déjeuner et que je la dépose à la garderie  », explique Danish Yusuf, directeur général de Zensurance.

Le « droit à la déconnexion » est souvent interprété comme la possibilité des travailleurs de profiter de leur temps en dehors des heures de travail, sans être tenus de répondre aux messages liés au travail. Si l’on compare la situation d’aujourd’hui à celle d’il y a 20 ans, ce changement reflète l’évolution des technologies numériques, comme les téléphones intelligents qui permettent de contacter plus facilement le personnel une fois qu’il a quitté le bureau, ainsi que l’augmentation du nombre de personnes travaillant à domicile. Dans un rapport publié en 2017, 75 % du personnel britannique interrogé ressentait une pression pour répondre aux courriels en dehors des heures de travail (en anglais seulement).

En Ontario, une loi sur le droit à la déconnexion entrera en vigueur le 2 juin 2022

Les conséquences sur la santé des travailleurs

L’impact de la technologie sur la santé du personnel peut s’avérer négatif, selon Pablo Vandenabeele, directeur clinique à la santé mentale chez Bupa UK, une entreprise privée de soins de santé : «  Il est important que les employés qui se sentent envahis par leur boîte de réception se sentent encouragés à prendre une pause, car le sentiment persistant de ne pas contrôler sa vie peut mener au stress, à l’épuisement, à l’anxiété et à la dépression  » (en anglais seulement).

Recevoir des messages tard dans la nuit de la part d’un gestionnaire pourrait perturber les habitudes de sommeil d’un employé, ce qui pourrait contribuer à une prise de poids, à une augmentation du taux de cortisol et à un plus grand risque de démence (en anglais seulement). Le sentiment de contrainte de répondre aux appels, aux courriels et aux textos à toute heure pourrait également affecter négativement les relations familiales et amicales du personnel.

De manière générale, des études ont démontré que la connectivité constante nuit aux fonctions cérébrales (en anglais seulement), tant pour vérifier les messages du travail ou les résultats sportifs. L’effet cumulatif peut causer un stress. Un étudiant américain a affirmé recevoir plus de 200 notifications quotidiennes sur son téléphone à partir d’applications comme Slack et Discord. «  La quantité de notifications fait que je suis constamment occupé par mon travail et je n’ai jamais vraiment de pause  », a déclaré Chris Cha au UCSD Guardian (en anglais seulement).

Comme l’indique le rapport final du Comité consultatif sur le droit à la déconnexion du gouvernement du Canada, la santé physique et mentale peut être affectée par le fait d’être constamment « connecté ». « La surcharge cognitive et émotionnelle causée par l’« hyperconnectivité » a des effets négatifs. Cela comprend un sentiment de fatigue en raison du « risque psychosocial » associé au fait d’être constamment connecté. »

Les éléments que les employeurs devraient prendre en compte

Les gestionnaires avisés réfléchiront aux moyens de promouvoir un bon équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée de leur personnel, notamment parce que de longues heures de travail peuvent mener à un épuisement professionnel (en anglais seulement), alors qu’un meilleur équilibre travail-vie personnelle est susceptible d’améliorer le rendement.

Outre la création d’une politique de droit à la déconnexion pour votre entreprise et la communication de vos attentes au personnel, que pouvez-vous faire de plus? Une suggestion pour les petites et moyennes entreprises serait d’organiser des séances de consultation régulières entre le gestionnaire et son personnel (en anglais seulement) afin de donner à ce dernier l’occasion de dire s’il se sent capable de se déconnecter.

Dans de nombreux domaines, le travail à distance semble amené à devenir permanent. Les entreprises qui élaboreront des politiques saines en matière d’équilibre travail-vie privée (dont l’autorisation du patron d’ignorer un texte ou un courriel non urgent) seront mieux placées pour recruter et retenir les meilleurs talents.

SOURCES

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1850490/conciliation-travail-distance-famille-pandemie

https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/ministere/portefeuille/travail/programmes/normes-travail/rapports/droit-deconnexion-comite-consultatif.html

SOURCES EN ANGLAIS

https://www.cbc.ca/news/business/right-to-disconnect-policies-1.6298845

https://www.benefitscanada.com/human-resources/hr-law/ontario-passes-right-to-disconnect-legislation/

https://www.shrm.org/resourcesandtools/hr-topics/global-hr/pages/ontario-grants-right-to-disconnect.aspx

https://nhglobalpartners.com/right-to-disconnect-ontario/

https://www.hrmagazine.co.uk/content/other/employees-feel-pressured-to-respond-to-work-24-7

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