De nombreuses petites entreprises sont le fruit de l’entrepreneuriat féminin

Les entrepreneures au Canada sont très polyvalentes. Parmi les inspirations, citons Sarah Jenna co-fondatrice et PDG de My Intelligent Machines (MIMs), et Manjit Minhas, cofondatrice de Minhas Breweries, Distilleries and Wineries, sans compter plusieurs autres femmes ambitieuses et travaillantes de partout au pays. Le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE) un réseau national de 250 organisations, mène chaque année une enquête sur la situation de l’entrepreneuriat féminin au Canada. Le rapport 2021 du PCFE, l’ État des lieux de l’entrepreneuriat féminin au Canada a recueilli des renseignements sur la façon dont les cheffes d’entreprise se sont tirées d’affaire pendant la pandémie.

Aperçu de l’entrepreneuriat féminin en 2021

Voici quelques conclusions du rapport du PCFE :

1. Les entrepreneures sont moins susceptibles d’être constituées en société . Contrairement aux entreprises dirigées par des hommes, celles dirigées par des femmes sont plus susceptibles d’être structurées en tant que propriétaires uniques.

2. Les entrepreneures ont tendance à compter moins de personnel. Selon le rapport du PCFE, 92,7 % des entreprises canadiennes dirigées par des femmes sont des microentreprises comptant moins de 20 employés. En comparaison, 86,5 % des entreprises appartenant à des hommes sont des microentreprises.

3. Les femmes sont plus susceptibles d’exercer dans le secteur des services. Elles ont tendance à privilégier la gestion d’entreprises dans les secteurs de l’éducation et des soins de santé (63,1 % des entreprises de ce secteur sont dirigées par des femmes et 36,9 % par des hommes), de l’hébergement et de la restauration (52,8 % sont dirigées par des femmes), de l’information, de la culture et des loisirs (44,1 %), de la finance, des assurances et de l’immobilier (38,5 %) et des services professionnels (38,1 %). Elles sont moins nombreuses à créer des entreprises dans des secteurs à forte croissance comme la technologie ou la fabrication.

La pandémie frappe plus durement les entrepreneures

La pandémie a eu des répercussions très diverses sur les entreprises canadiennes. Concernant les aspects négatifs, le rapport du PCFE relève que plus d’un tiers (36 %) des entreprises appartenant à des femmes ont enregistré une baisse de revenus de plus de 50 %, contre 26 % pour l’ensemble des entreprises.

Bien que cela ne soit pas nouveau pour les parents qui travaillent, les fermetures causées par la pandémie ont également mis en évidence que, pour les entrepreneures qui ont des enfants, les services de garde sont essentiels pour leur permettre de gérer leur entreprise. Selon un rapport sur les entrepreneures de la Colombie-Britannique, pendant la pandémie, plus de 12 % des entreprises appartenant à des femmes ont fermé leurs portes parce que les services de garde d’enfants n’étaient pas disponibles (en raison de la fermeture des garderies et de la restriction des visites à domicile).

Même si le gouvernement fédéral a mis en place des mesures d’aide financière pendant la pandémie, dont certaines étaient destinées aux entreprises, le rapport du PCFE souligne notamment que plusieurs entrepreneures « n’étaient pas admissibles à ces mesures ». La Banque de développement du Canada soulève aussi que « le gouvernement fédéral a injecté plus de 52 milliards de dollars en mesures de soutien d’urgence, ce qui comprenait des programmes pour les entreprises. Cependant, dans bien des cas, à cause de la taille et de la structure de leurs entreprises, les femmes entrepreneurs n’étaient pas admissibles à ces mesures. »

Observations supplémentaires

Le rapport du PCFE a également présenté quelques observations surprenantes :

  • Les définitions officielles des entrepreneurs peuvent exclure de nombreuses femmes. Selon le rapport du PCFE, « La définition du terme “entrepreneur.e” est importante : elle détermine l’admissibilité aux programmes, services et prestations. » Souvent, un entrepreneur est défini comme « le ou la propriétaire d’une PME constituée en société employant au moins une personne ». En se basant sur cette norme, seulement 15,6 % des PME sont détenues par des femmes. Si l’on élargit la définition du terme « entrepreneur » pour inclure les travailleurs autonomes, cela signifie que 38,3 % des travailleuses autonomes sont des femmes.
  • Les obstacles au financement constituent un défi majeur pour les entrepreneures . La non-admissibilité au financement contraint plusieurs entrepreneures à laisser tomber leur entreprise : « Il ressort de l’enquête Global Entrepreneurship Monitor (GEM) de 2019 que le manque de financement a poussé 20,9 p. 100 des femmes à fermer leur entreprise, contre seulement 14,6 p. 100 des hommes. » Selon le rapport du PCFE, les difficultés de financement expliquent également pourquoi les femmes créent des entreprises plus petites avec un taux de croissance plus faible.
  • Les entreprises dirigées par des entrepreneures noires sont souvent récentes. Près de 50 % de ces entreprises ont été créées en 2020 ou 2021. Environ 80 % d’entre elles sont en ligne et gérées à domicile, et 75 % d’entre elles ne comptent aucun employé.
  • Le nombre d’entrepreneures autochtones augmente deux fois plus vite que celui des non-autochtones. Comme leurs homologues non autochtones, les entrepreneures autochtones dirigent seules des entreprises généralement plus petites, dans le secteur des services, sans embaucher de personnel. Toutefois, au cours de la dernière décennie, le pourcentage d’entrepreneuses autochtones employant du personnel a presque doublé, passant de 23 % en 2010 à 42 % en 2019.
  • Les entrepreneures québécoises ont déclaré que la pandémie a gravement affecté leurs entreprises. Selon le rapport du PCFE, dans une étude menée auprès de 1 080 entrepreneures du Québec, deux entreprises sur trois fonctionnaient à 50 % de leur capacité ou moins. Plus de 18 % des femmes ayant participé à l’étude ont toutefois affirmé que la pandémie avait été l’occasion d’apporter des changements positifs à leur entreprise, comme le passage au numérique, l’acquisition de nouvelles compétences, l’adaptation des canaux de vente et la modification de la gamme de produits ou de services offerts.

Le rapport PCFE permet d’identifier les tendances et les défis auxquels sont confrontées les entrepreneures. La réponse du gouvernement à la pandémie a révélé des lacunes dans la manière dont les programmes soutiennent les entrepreneures, ce qui pourrait bien les aider à obtenir le soutien qu’elles méritent à l’avenir.

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